Les Liaisons dangereuses de Laclos en lecture cursive en lien avec Le Menteur Corneille, " Mensonge et comédie "


Voici une liste de lectures cursives en lien avec Le Menteur de Corneille, qui explore des thèmes tels que le mensonge, la vérité, l'identité, la comédie de mœurs, et le théâtre :

1. "L’Avare" de Molière (1668)
Une comédie où les personnages manipulent la vérité pour servir leurs intérêts, avec des quiproquos et des mensonges au cœur de l’intrigue.
2. "Les Fourberies de Scapin" de Molière (1671)
Une autre comédie de Molière qui met en scène le personnage de Scapin, un maître du mensonge et de la manipulation, jouant avec les sentiments et les situations.
3. "Le Tartuffe" de Molière (1664)
Une pièce où l’hypocrisie et le mensonge sont au centre de l'intrigue, révélant les dangers et les conséquences de la manipulation des apparences.
4. "Le Jeu de l’amour et du hasard" de Marivaux (1730)
Une comédie de mœurs qui explore les faux-semblants, les déguisements, et les mensonges dans le cadre des relations amoureuses.
5. "Les Fausses Confidences" de Marivaux (1737)
Une pièce qui met en scène des personnages manipulant la vérité pour atteindre leurs objectifs, avec un jeu constant sur les apparences et la réalité.
6. "Cyrano de Bergerac" d'Edmond Rostand (1897)
Une comédie héroïque où le héros cache ses sentiments véritables derrière les mots, utilisant le langage pour créer des illusions.
7. "Le Misanthrope" de Molière (1666)
Une comédie qui, bien que centrée sur la vérité et l’hypocrisie, aborde indirectement la question du mensonge dans les relations sociales.
8. "Don Juan" de Molière (1665)
Un autre personnage mythique du théâtre français, Don Juan, utilise le mensonge et la séduction, ce qui le rapproche des manipulations verbales de Dorante.
9. "La Vérité" de Florian Zeller (2011)
Une pièce contemporaine qui explore le thème du mensonge dans les relations amoureuses et amicales, offrant une perspective moderne sur les enjeux du Menteur.
10. "La Double Inconstance" de Marivaux (1723)
Une comédie où les personnages sont pris dans des jeux d’illusion et de manipulation, questionnant la sincérité des sentiments et les jeux de vérité.
11. "Les Liaisons dangereuses" de Pierre Choderlos de Laclos (1782)
Un roman épistolaire où le mensonge et la manipulation sont les outils principaux des protagonistes, explorant les conséquences destructrices des intrigues et des jeux de pouvoir.
12. "L'Illusion comique" de Pierre Corneille (1636)
Une autre pièce de Corneille, qui offre une réflexion sur le théâtre et le pouvoir de l’illusion, avec un jeu constant entre la réalité et la fiction.
13. "L'École des femmes" de Molière (1662)
Une comédie qui explore la manipulation et le contrôle, avec des personnages qui usent de stratagèmes et de mensonges pour parvenir à leurs fins.
14. "La Seconde Surprise de l'amour" de Marivaux (1727)
Une pièce qui joue sur les apparences et les malentendus, où les personnages se mentent à eux-mêmes et aux autres sur leurs véritables sentiments.
15. "Much Ado About Nothing" de William Shakespeare (1598)
Une comédie de Shakespeare qui met en scène des intrigues amoureuses basées sur des mensonges, des malentendus et des déguisements.


Ces œuvres offrent une variété de perspectives sur le thème du mensonge, de la manipulation et des jeux de vérité, enrichissant la lecture et la compréhension du Menteur de Corneille.

 

Les Liaisons dangereuses Pierre Choderlos de Laclos 


Les Liaisons dangereuses de Pierre Choderlos de Laclos est un roman épistolaire publié en 1782, considéré comme un chef-d'œuvre de la littérature française du XVIIIe siècle. Le roman est une exploration audacieuse des mœurs et des manipulations dans la haute société pré-révolutionnaire, où l'amour et le désir sont souvent utilisés comme armes pour manipuler et détruire les autres.
Il plonge le lecteur au cœur de la manipulation, de l'hypocrisie sociale, et de la perversité des sentiments. À travers une correspondance fictive, Laclos brosse le portrait d'une société aristocratique décadente, où le pouvoir se joue sur le terrain des relations amoureuses et de la séduction. Ce chef-d'œuvre de la littérature du XVIIIe siècle reste une réflexion intemporelle sur les passions humaines et les stratégies de domination.

Présentation générale
Les Liaisons dangereuses se compose de 175 lettres échangées entre les différents protagonistes. La marquise de Merteuil et le vicomte de Valmont, anciens amants et amis, en sont les personnages principaux. Ils utilisent leur intelligence et leur charme pour manipuler ceux qui les entourent, souvent pour des raisons de vengeance, de défi ou de simple plaisir.

L'intrigue principale tourne autour de leurs machinations pour séduire et détruire plusieurs personnages, dont la présidente de Tourvel, une femme pieuse et vertueuse, et Cécile de Volanges, une jeune fille naïve promise au comte de Gercourt. Ces jeux de manipulation conduisent à des conséquences tragiques, révélant la cruauté et la décadence morale des protagonistes.

I - Thèmes majeurs

Le pouvoir et la manipulation :
Le roman explore comment les personnages principaux, la marquise de Merteuil et le vicomte de Valmont, utilisent le pouvoir qu’ils exercent sur les autres sans pitié pour contrôler et manipuler les destinées de leurs victimes. La stratégie devient le moteur de l'intrigue : 
Merteuil : « Je ne suis pas une femme, j'ai toutes les apparences de mon sexe ; mais je n'en ai plus les faiblesses. »
Ces manipulations, souvent motivées par le plaisir sadique de dominer ou de se venger, révèlent une société où les rapports humains sont souvent réduits à des jeux de pouvoir.

La destruction morale
Les manœuvres de Merteuil et Valmont conduisent à la ruine morale et psychologique de leurs victimes. Cécile de Volanges et la présidente de Tourvel en sont les principales victimes, qui, sous le poids de la manipulation, perdent leur innocence et leur vertu.
Valmont : « Ce n’est pas ma faute. C’est la faute de la nature, qui m’a donné cette force. »

La séduction comme arme
La séduction est utilisée non pas pour créer des liens sincères, mais pour asservir et détruire. Le pouvoir de la séduction devient un moyen de domination, où le corps et l'esprit de l'autre sont des terrains de conquête.
Merteuil : « La guerre est déclarée ; il faut vaincre ou périr. »

II - L'hypocrisie sociale et morale :
Le roman épistolaire dénonce l'hypocrisie de la société aristocratique du XVIIIe siècle, où les apparences et la réputation sont primordiales, mais où les mœurs sont souvent corrompues en privé.
Merteuil : « J’avoue qu’il est plaisant de se voir décerner le prix de la vertu, quand on fait la chronique des péchés. »
Tourvel : « J’ai sacrifié à Dieu ce que j’avais de plus cher sur la terre. »
Les personnages jouent avec les codes sociaux, utilisant le masque de la respectabilité pour mieux cacher leurs véritables intentions.

Les apparences trompeuses
Les personnages jouent constamment avec les apparences pour masquer leurs intentions réelles. La société dans Les Liaisons dangereuses est un théâtre où chacun porte un masque, simulant la vertu tout en se livrant à la corruption.
Merteuil : « Je me fais un jeu de tromper les espions. »
Valmont : « Il faut toujours faire semblant de croire aux larmes. »
Le double discours
Le roman met en lumière l'écart entre le discours public et les véritables motivations des personnages. Ce double discours est une critique acerbe de l'hypocrisie qui règne dans la société aristocratique.
Merteuil : « Vous me connaissez bien mal si vous croyez que je consens à faire ce que je dis. »
Valmont : « Il est plus facile de tromper quelqu’un en faisant semblant de lui dire la vérité. »
La critique de la moralité de l'époque
À travers les lettres, Laclos critique les mœurs de son époque, montrant que sous le vernis de la moralité, la corruption est omniprésente. Les personnages principaux incarnent une dépravation morale qui contamine tout ce qu’ils touchent.
Merteuil : « Ce que j’ai de plus cher au monde, c’est moi-même. »
Valmont : « L’honneur est une invention des hommes pour cacher leur faiblesse. »

III - L'amour et le désir :
L’amour dans Les Liaisons dangereuses est rarement pur ou sincère ; il est plutôt un outil de manipulation ou un champ de bataille où se jouent des luttes de pouvoir.
Valmont : « Je puis vous assurer que je n’aime plus personne. »
La relation entre Valmont et Tourvel montre un contraste saisissant entre la vertu et la corruption, où l’amour sincère de Tourvel est exploité sans pitié par Valmont pour prouver son pouvoir.
L'amour instrumentalisé
Dans le roman, l'amour est souvent un prétexte pour exercer une domination. Valmont et Merteuil utilisent les sentiments amoureux non pas pour aimer, mais pour manipuler et contrôler leurs partenaires.
Merteuil : « L’amour, ce mot est dans toutes les bouches, mais il n’est dans aucun cœur. »
Le triomphe de la vengeance sur l'amour
Le désir de vengeance l'emporte souvent sur les sentiments amoureux dans Les Liaisons dangereuses. Les personnages utilisent l'amour comme une arme pour se venger, plutôt que comme un moyen d'expression sincère.
Merteuil : « Je veux être vengée par celui même qui m’a offensée. »
Valmont : « J’ai gagné le droit de la briser, cette belle âme. »

IV - La question du genre et de l'identité :
La marquise de Merteuil incarne une figure féminine complexe et moderne pour son époque, subvertissant les rôles traditionnels en se comportant avec la même froideur calculatrice que les hommes de son milieu.
Merteuil : « J'étais née pour venger mon sexe et maîtriser le vôtre. »
Son personnage interroge les limites imposées aux femmes dans la société du XVIIIe siècle et la manière dont elle s'en affranchit pour exercer un contrôle sur sa propre vie et sur celles des autres.

V - Analyse stylistique
Le style de Laclos dans Les Liaisons dangereuses est raffiné, précis, et souvent ironique. Le format épistolaire permet une exploration profonde des pensées et des motivations des personnages, tout en créant une structure narrative complexe où chaque lettre peut être lue comme une pièce d'un puzzle plus large.
Le langage :
 Le langage est à la fois une arme et un masque pour les personnages. Les lettres sont souvent des chefs-d'œuvre de rhétorique, utilisées pour séduire, tromper, ou manipuler.
Le format épistolaire : 
Ce choix structurel met en lumière les points de vue, les interprétations subjectives des événements, et crée un sentiment de proximité entre le lecteur et les intrigues. Le lecteur devient un témoin privilégié des complots et des manipulations.

VI - Réception et portée
À sa publication, Les Liaisons dangereuses a choqué la société française par sa description cynique et immorale des mœurs aristocratiques. Cependant, il a également été reconnu pour sa profondeur psychologique et sa critique sociale incisive.

Aujourd'hui, le roman est étudié pour sa capacité à capturer les tensions entre les forces de la morale et de l'immoralité, du public et du privé, du masculin et du féminin. Il continue d’être pertinent pour sa réflexion sur le pouvoir, le désir, et la nature humaine.

Ouverture
L'influence des Liaisons dangereuses s'étend bien au-delà du XVIIIe siècle. Le roman a inspiré de nombreuses adaptations théâtrales et cinématographiques, dont la célèbre version de Stephen Frears en 1988. Il est également un texte fondamental pour comprendre les dynamiques de pouvoir et les jeux de manipulation dans la littérature. 
Le roman reste pertinent aujourd'hui, car il explore des thèmes universels comme le pouvoir, la manipulation, et la corruption morale, qui résonnent dans notre compréhension moderne des dynamiques sociales et des relations humaines. En cela, Laclos a su créer une œuvre intemporelle, qui continue d'interroger et de fasciner.
 

Les œuvres Les Liaisons dangereuses de Pierre Choderlos de Laclos et Le Menteur de Pierre Corneille, bien que très différentes dans leur époque, leur style et leur registre, partagent des thèmes communs et offrent une réflexion sur des sujets similaires tels que la manipulation, le pouvoir du discours, et la nature du mensonge.

 

1. Le Mensonge comme Outil de Manipulation


Dans Le Menteur, Dorante est un jeune homme qui se complaît dans l'art du mensonge pour séduire et se créer une vie fictive plus prestigieuse. Son habileté à inventer des histoires lui permet d'impressionner ceux qui l'entourent, mais l'entraîne également dans un enchevêtrement de tromperies dont il aura du mal à se sortir.


Mensonge comme outil de séduction 
Dans Le Menteur, Dorante se construit une identité fictive pour séduire et impressionner. Le mensonge devient ici une stratégie pour obtenir ce qu’il désire, notamment l’affection des femmes qu’il rencontre. Dorante ne ment pas par méchanceté, mais par goût du jeu, par désir de paraître et de se distinguer.
Dans Les Liaisons dangereuses, le mensonge est également utilisé pour séduire, mais il prend une dimension beaucoup plus sombre et calculée. La marquise de Merteuil et le vicomte de Valmont manipulent les sentiments amoureux pour dominer et détruire leurs victimes. Ici, le mensonge est un outil de pouvoir, servant à asservir et à humilier.
« Je veux que vous sachiez que je vous ai indignement trompée, que je me suis joué de vous. » (Lettre CXLVIII, Les Liaisons dangereuses).


Mensonge comme source de pouvoir : 
« Il n’y a qu’un mensonge qui puisse dénouer tant de nœuds » (Le Menteur)
De même, dans Les Liaisons dangereuses, les mensonges sont au cœur des intrigues machiavéliques menées par la marquise de Merteuil et le vicomte de Valmont. Ces personnages manipulent les autres à travers des mensonges habilement tissés pour satisfaire leurs propres désirs de pouvoir et de vengeance.
« L’hypocrisie est un hommage que le vice rend à la vertu. » (Lettre LXXXI, Les Liaisons dangereuses).
 « Je puis dire que je suis mon ouvrage. » (Lettre LXXXI, Les Liaisons dangereuses).
Dans les deux œuvres, le mensonge n'est pas simplement une question de fausse déclaration, mais un instrument de contrôle sur autrui, révélant une profondeur psychologique et un jeu avec la vérité qui met en lumière les aspects plus sombres de la nature humaine.

 

2. Le Pouvoir du Discours et de la Rhétorique


Les deux textes montrent l'importance du discours et de la rhétorique comme outils de séduction et de pouvoir. Dans Le Menteur, Dorante se distingue par sa capacité à inventer des récits séduisants. Il montre comment un discours bien formulé peut influencer les perceptions et manipuler la réalité.
DORANTE.
" Que dis-tu de l’histoire, et de mon artifice ?
Le bonhomme en tient-il ? m’en suis-je bien tiré ?
Quelque sot en ma place y seroit demeuré ;
Il eût perdu le temps à gémir et se plaindre,
Et malgré son amour, se fût laissé contraindre.
Oh ! l’utile secret que mentir à propos " 

Dans Les Liaisons dangereuses, la manipulation passe aussi par l'écriture des lettres, où chaque mot est pesé pour produire l'effet désiré sur le destinataire. La marquise de Merteuil, en particulier, maîtrise l'art de la persuasion à travers une rhétorique raffinée.
« Je puis dire que je suis mon ouvrage. » (Lettre LXXXI, Les Liaisons dangereuses).
Ces œuvres montrent comment le langage peut être une arme redoutable, capable de créer des réalités fictives et de manipuler les sentiments des autres.

 

3. La Manipulation des Sentiments Amoureux


L'amour, ou plutôt sa manipulation, est un thème central dans les deux œuvres. Dans Le Menteur, Dorante manipule les sentiments de Clarice et de Lucrèce pour son propre plaisir, sans se soucier des conséquences de ses mensonges.
CLITON.
Quoi ? ce que vous disiez n’est pas vrai ?
DORANTE.
Pas deux mots ;
Et tu ne viens d’ouïr qu’un trait de gentillesse
Pour conserver mon âme et mon cœur à Lucrèce.
Dans Les Liaisons dangereuses, l'amour est un jeu cruel où les sentiments sont manipulés pour causer du tort. La marquise de Merteuil et le vicomte de Valmont se plaisent à jouer avec les émotions d’autrui, utilisant l’amour pour humilier et détruire.
« La guerre est déclarée ; il faut vaincre ou périr. » (Lettre CXLVIII, Les Liaisons dangereuses).
Ces deux œuvres illustrent comment l'amour peut être dénaturé et utilisé à des fins de manipulation, mettant en lumière la fragilité des sentiments humains face à la tromperie et à la duplicité.

 

 Les Conséquences du Mensonge et de la Manipulation


1. Le dénouement moral : la punition du mensonge


Dans Le Menteur, Dorante est finalement confronté à la vérité. Le dénouement montre que le mensonge, bien qu’amusant et séduisant, ne peut triompher durablement. Le retour à la vérité est inévitable, et le héros finit être dévoilé. 
En revanche, dans Les Liaisons dangereuses, les conséquences du mensonge sont beaucoup plus tragiques. Les manipulations de Merteuil et Valmont mènent à la ruine et à la mort. Valmont est tué en duel, la présidente de Tourvel meurt de chagrin, et Merteuil est défigurée par la petite vérole et socialement déshonorée. Ici, le mensonge et la manipulation sont sévèrement punis.
« Vous m’avez enlevé le seul bien qui me restait, et vous en avez fait mon supplice. » (Lettre CXXV, Les Liaisons dangereuses).


2. La leçon morale : la critique sociale


Les deux œuvres offrent une critique de la société et des dangers du mensonge. Dans Le Menteur, Corneille semble montrer que la société peut pardonner la jeunesse et l’insouciance, mais que la vérité finit toujours par triompher, le menteur est dévoilé. Le mensonge y est un jeu innocent, mais périlleux.
« Un menteur est toujours prodigue de promesses. » (Le Menteur).
En revanche, Les Liaisons dangereuses propose une critique plus acerbe de la société aristocratique, où le mensonge et la manipulation sont des pratiques courantes qui détruisent les vies. Laclos dénonce une société où les apparences sont trompeuses et où les relations humaines sont perverties par l’ambition et la cruauté.
« Tout ce qui tend à nous asservir est indigne d’un homme. » (Lettre CXXXVIII, Les Liaisons dangereuses).

 

Conclusion


Ainsi, Le Menteur de Corneille et Les Liaisons dangereuses de Laclos, malgré leurs différences de contexte et de style, se rejoignent dans leur exploration des thèmes du mensonge, de la manipulation et du pouvoir du discours. Les deux œuvres montrent comment ces éléments peuvent être utilisés pour exercer une influence sur les autres, souvent avec des conséquences désastreuses. Elles révèlent une vision sombre de la nature humaine, où la vérité est souvent sacrifiée sur l'autel du désir et de l'ambition.

 

Les Liaisons dangereuses de Laclos, Le Menteur de Corneille

et le Parcours Bac "Mensonge et Comédie"

 

Le parcours Bac "Mensonge et Comédie" explore la manière dont le mensonge et les artifices de la comédie sont utilisés pour tromper, séduire et manipuler les autres, tout en révélant des vérités profondes sur la nature humaine et les structures sociales. Les œuvres Les Liaisons dangereuses de Pierre Choderlos de Laclos et Le Menteur de Pierre Corneille s'inscrivent parfaitement dans ce parcours en mettant en scène des personnages qui utilisent le mensonge comme un outil de pouvoir et de séduction. Cette étude analysera comment ces deux œuvres illustrent le lien complexe entre mensonge et comédie, en abordant les thèmes de la manipulation, du pouvoir, et des conséquences morales du mensonge.

 

I. Le Mensonge : Un Outil de Manipulation et de Séduction

1. Le mensonge au cœur de la comédie : Le Menteur de Corneille


Dans Le Menteur, le protagoniste, Dorante, est un menteur compulsif qui se crée une réalité alternative à travers ses mensonges. Le mensonge devient un outil ludique qui permet à Dorante de séduire et de manipuler ceux qui l'entourent. Son talent pour l'improvisation et la tromperie le fait briller dans la société parisienne, mais ces mensonges sont avant tout un jeu pour Dorante, qui prend plaisir à manipuler la réalité pour en faire une comédie.

 

2. La manipulation perverse : Les Liaisons dangereuses de Laclos


Dans Les Liaisons dangereuses, le mensonge n'est pas un jeu innocent, mais une arme de destruction. La marquise de Merteuil et le vicomte de Valmont sont des manipulateurs habiles qui utilisent le mensonge pour détruire leurs victimes. Le mensonge dans ce contexte est beaucoup plus sinistre que dans Le Menteur : il sert à contrôler et à asservir les autres, transformant la séduction en une guerre psychologique.
« Je me suis donné le plaisir de la tromper, en même temps que la satisfaction de ne pas être trompé par elle. » (Lettre CXXV, Les Liaisons dangereuses).

 

3. Le lien avec la comédie : Mensonge et décalage entre réalité et apparence


Dans les deux œuvres, le mensonge crée un décalage entre la réalité et l'apparence, un élément clé de la comédie. Dans Le Menteur, ce décalage est source de quiproquos et de malentendus qui entraînent le rire. Le mensonge devient ainsi un ressort comique. En revanche, dans Les Liaisons dangereuses, ce décalage est tragique et destructeur, révélant les failles de la société aristocratique.

 

II. Le Mensonge comme Critique Sociale et Morale

1. La critique de la société de l'apparence : Le Menteur de Corneille


Dans Le Menteur, Corneille critique la société de l'apparence où le mensonge devient un moyen de briller et de se distinguer. La comédie de Dorante repose sur sa capacité à se réinventer constamment par le mensonge, ce qui reflète une société où l'identité est fluide et où l'apparence compte plus que la vérité.

 

2. La dénonciation de la corruption morale : Les Liaisons dangereuses de Laclos


Laclos, dans Les Liaisons dangereuses, va plus loin en dénonçant la corruption morale de l'aristocratie. Le mensonge y est utilisé pour manipuler et détruire, révélant la dépravation des élites. Cette œuvre montre comment le mensonge peut corrompre les relations humaines et transformer la séduction en une forme de cruauté.

 

3. Le dénouement : la punition du mensonge


Les deux œuvres se distinguent par leur dénouement. Dans Le Menteur, Dorante est démasqué, le menteur est pris à son propre piège, suggérant une morale qui prône le retour à la sincérité après les jeux de mensonge. En revanche, Les Liaisons dangereuses se termine par la punition sévère des menteurs : Valmont meurt, Merteuil est défigurée et déshonorée, et leurs victimes sont détruites. Laclos montre ainsi que le mensonge mène inévitablement à la ruine.

 

III. Le Théâtre comme Espace du Mensonge et de la Vérité

 

1. Le théâtre comme métaphore du mensonge : Le Menteur de Corneille


Dans Le Menteur, le mensonge est intimement lié à l'art théâtral. Dorante est un personnage qui, à bien des égards, est un acteur jouant un rôle. Son art du mensonge rappelle celui du comédien, capable de convaincre et de séduire en incarnant une autre réalité. Le théâtre devient ainsi une métaphore du mensonge, où la frontière entre vérité et fiction est constamment brouillée.

 

2. Les Liaisons dangereuses : Une pièce de théâtre macabre


Les personnages de Les Liaisons dangereuses sont également des acteurs, mais dans une pièce bien plus sombre. Merteuil et Valmont jouent des rôles, manipulent les autres comme des marionnettes, et orchestrent des mises en scène cruelles pour parvenir à leurs fins. La correspondance épistolaire devient un script où chacun joue un rôle prédéfini, mais où les conséquences sont réelles et tragiques.
« Les femmes, ces pauvres créatures si faciles à tromper, et si peu capables de tromper elles-mêmes, sont encore plus dangereuses qu'elles ne le paraissent. » (Lettre CXXV, Les Liaisons dangereuses).

 

3. L’allégorie du théâtre et la réflexion sur la vérité


En fin de compte, ces deux œuvres permettent une réflexion sur le théâtre lui-même : un art fondé sur la fiction, sur le jeu des apparences et sur le mensonge. Le Menteur montre comment le théâtre peut être un lieu de plaisir, où le mensonge est un jeu inoffensif, tandis que Les Liaisons dangereuses révèle la face sombre de cette comédie, où le mensonge devient un instrument de destruction. Ces œuvres soulignent ainsi la dualité du théâtre : un espace où le mensonge et la vérité se mêlent pour mieux révéler les profondeurs de l’âme humaine.

Conclusion


Les Liaisons dangereuses de Laclos et Le Menteur de Corneille, bien qu’écrits à des époques et dans des genres différents, se rejoignent dans leur exploration du mensonge et de la comédie. Ces œuvres montrent comment le mensonge, qu’il soit ludique ou destructeur, est indissociable de la comédie humaine. Le parcours Bac "Mensonge et Comédie" est donc parfaitement illustré par ces deux œuvres, qui interrogent la nature du mensonge, ses implications morales, et sa relation intime avec le théâtre. Ces œuvres nous rappellent que le théâtre, à l’image de la vie, est un jeu de masques où le mensonge peut à la fois divertir et détruire, tout en révélant des vérités profondes sur la condition humaine.

 

 

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Date de dernière mise à jour : 24/08/2024

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