Oeuvre : Nathalie Sarraute, Pour un oui ou pour un non
Parcours bac : "Théâtre et dispute"
Problématique de l'oeuvre:
Comment faire voir et entendre non seulement le langage mais aussi l'indicible ?
Perspectives :
Détournement des conventions théâtrales, l'écriture de Sarraute et les tropismes
Analyse de la scène "La vie est là..."
Lecture de la scène
H1: « La vie est là... simple et tranquille... » « la vie est là, simple et tranquille... » C'est de Verlaine, n'est-ce pas?
H2: Oui, c'est de Verlaine... Mais pourquoi?
H1: De Verlaine. C'est ça.
H2: Je n'ai pas pensé à Verlaine... j'ai seulement dit: la vie est là, c'est tout.
H1: Mais la suite venait d'elle-même, il n'y avait qu'à continuer... nous avons quand même fait nos classes...
H2: Mais je n'ai pas continué... Mais qu'est-ce que j'ai à me défendre comme ça? Qu'est-ce qu'il y a? Qu'est-ce qui te prend tout à coup?
H1: Qu'est-ce qui me prend? « Prend » est bien le mot. Oui, qu'est-ce qui me prend? C'est que tout à l'heure, tu n'as pas parlé pour ne rien dire... tu m'as énormément appris, figure-toi... Maintenant il y a des choses que même moi je suis capable de comprendre. Cette fois-ci, celui qui a placé le petit bout de lard, c'est toi.
H2: Quel bout de lard?
H1: c'est pourtant clair. Tout à l'heure, quand tu m'as vu devant la fenêtre... Quand tu m'as dit: « Regarde, la vie est là... » la vie est là... rien que ça...la vie... quand tu as senti que je me suis un instant tendu vers l'appât...
H2: Tu es dingue.
H1: Non. Pas plus dingue que toi, quand tu disais que je t'avais appâté avec les voyages pour t'enfermer chez moi, dans ma cage... ça paraissait très fou, mais tu n'avais peut-être pas
si tort que ça... Mais cette fois, c'est toi qui m'as attiré...
H2: Attiré où? Où est-ce que j'ai cherché à t'attirer?
H1: Mais voyons, ne joue pas l'innocent... « La vie est là, simple et tranquille... »
H2: D'abord je n'ai pas dit ça.
H1: Si. Tu l'as dit. Implicitement. Et ce n'est pas la première fois. Et tu prétends que tu es ailleurs... dehors.... loin de nos catalogues... hors de nos cases... rien à voir avec les mystiques, les saints...
H2: C'est vrai.
H1: Oui, c'est vrai; rien à voir avec ceux-là. Vous avez mieux... Quoi de plus apprécié que ton domaine, où tu me faisais la grâce de me laisser entrer pour que je puisse, moi aussi, me recueillir... « La vie est là, simple et tranquille... » C'est là que tu te tiens, à l'abri de nos contacts salissants... sous la protection des plus grands... Verlaine...
H2: Je te répète que je n'ai pas pensé à Verlaine.
H1: Bon. Admettons, je veux bien. Tu n'y avais pas pensé, mais tu reconnaîtras qu'avec le petit mur, le toit, le ciel par-dessus le toit... on y était en plein...
H2: Où donc?
H1: Mais voyons, dans le « poétique », la « poésie »
Exercice guidé et progressif
Étape 1 : Introduction
Objectif : Rédiger une introduction en plusieurs étapes comprenant une amorce, la présentation du texte, la formulation de la problématique et l’annonce du plan.
1.1 Amorce
L'amorce doit introduire le contexte de l'œuvre ou de l'auteur. Voici une amorce possible :
Nathalie Sarraute, figure majeure du Nouveau Roman, s'intéresse dans ses œuvres à la complexité du langage et aux non-dits qui peuplent les interactions humaines.
À faire : Proposez une amorce qui introduit le contexte de Pour un oui ou pour un non et met en lumière son enjeu autour du langage.
Corrigé :
Dans Pour un oui ou pour un non, Nathalie Sarraute met en scène deux personnages dont les échanges révèlent la difficulté de communication et l'importance des non-dits dans les relations humaines.
1.2 Présentation du texte
Présentez brièvement la scène en deux ou trois phrases. Il s’agit ici de contextualiser l’extrait.
À faire : Résumez la scène et précisez son enjeu principal.
Corrigé :
La scène que nous allons analyser met en lumière une confrontation verbale entre deux personnages, H1 et H2. H1 reproche à H2 d’avoir utilisé une phrase anodine, "La vie est là, simple et tranquille", qui évoque Verlaine, comme une manipulation. H1 accuse ainsi H2 de cacher des intentions sous cette banalité apparente.
1.3 Problématique
Formulez une question qui guidera votre analyse. Cette question doit mettre en avant un enjeu majeur du texte : ici, le rôle du langage et les malentendus.
À faire : Rédigez une problématique en lien avec le rôle du langage dans l'extrait.
Corrigé :
« Comment Nathalie Sarraute utilise-t-elle le langage pour révéler les tensions et les malentendus entre les deux personnages dans cette scène ? »
1.4 Annonce du plan
Annoncez les deux axes de votre commentaire, en lien avec la problématique. Ils doivent structurer votre analyse.
À faire : Annoncez les deux parties que vous allez traiter.
Corrigé :
Nous verrons d’abord comment le langage devient un outil de manipulation à travers l'évocation de la culture et des références poétiques. Ensuite, nous analyserons comment l’interprétation excessive des paroles conduit à un malentendu, source de tension entre les personnages.
Étape 2 : Développer la première partie
Objectif : Analyser comment la référence culturelle à Verlaine alimente la tension entre les personnages.
2.1 Introduction de la première partie
Rappelez l'idée centrale de cette partie, en lien avec l'analyse.
À faire : Rédigez une phrase qui introduit le poids du langage dans cette scène.
Corrigé :
Dans cette scène, Nathalie Sarraute montre comment une simple phrase, perçue comme anodine par H2, devient un outil de manipulation pour H1 en raison de ses résonances culturelles et poétiques.
2.2 Analyse du texte
Identifiez les citations qui montrent comment H1 interprète la phrase « La vie est là, simple et tranquille » comme une référence à Verlaine.
À faire : Relevez les citations où H1 insiste sur Verlaine et expliquez pourquoi cette référence culturelle devient centrale.
Corrigé :
H1 cite Verlaine dès le début de la scène : "C'est de Verlaine, n'est-ce pas ?", affirmant que la simple phrase "La vie est là, simple et tranquille" appelle d’elle-même la suite du poème. Selon H1, cette évocation de Verlaine n'est pas un hasard. Il insiste : "La suite venait d’elle-même", montrant ainsi qu’il voit dans cette phrase une intention poétique et culturelle de la part de H2.
2.3 Conclusion de la première partie
Résumez l’idée principale : le langage n’est pas neutre, il est porteur de sous-entendus culturels qui influencent la relation.
À faire : Concluez sur l’importance de la culture dans la parole de H1.
Corrigé :
H1 perçoit la parole d’H2 comme un acte culturel délibéré. Cette référence à Verlaine montre que pour H1, le langage est porteur de sens cachés, d’intentions voilées, même si H2 nie toute intentionnalité.
Étape 3 : Développer la deuxième partie
Objectif : Analyser le rôle du malentendu dans l’escalade de la tension entre H1 et H2.
3.1 Introduction de la deuxième partie
Annoncez l’idée principale de cette partie : le malentendu et la surinterprétation des paroles.
À faire : Rédigez une phrase d’introduction pour cette partie.
Corrigé :
La surinterprétation des paroles de H2 par H1 entraîne un malentendu croissant entre les personnages, révélant ainsi leur incapacité à communiquer sans tensions.
3.2 Analyse du texte
Identifiez les moments où H1 surinterprète les paroles de H2, en particulier lorsqu’il utilise la métaphore de l’appât.
À faire : Relevez les citations montrant le malentendu et expliquez comment il naît de la surinterprétation.
Corrigé :
H1 accuse H2 de l'avoir "attiré" en utilisant une phrase simple : "cette fois, c'est toi qui m'as attiré." Pour H1, chaque parole de H2 est perçue comme une tentative de manipulation : "quand tu as dit : 'Regarde, la vie est là…' tu as senti que je me suis un instant tendu vers l'appât." H1 surinterprète ainsi cette phrase banale, y voyant un piège tendu par H2.
3.3 Conclusion de la deuxième partie
Résumez l’importance du malentendu dans cette scène.
À faire : Concluez sur le rôle central du malentendu dans la relation entre H1 et H2.
Corrigé :
Le malentendu entre H1 et H2, alimenté par la surinterprétation de chaque parole, révèle l’incapacité des personnages à s’entendre véritablement, chaque phrase devenant un terrain de méfiance.
Étape 4 : Conclusion
Objectif : Récapituler les points essentiels et proposer une ouverture vers une réflexion plus large.
4.1 Résumé
Récapitulez brièvement les deux idées principales développées dans votre commentaire.
À faire : Résumez les deux grandes idées en deux phrases.
Corrigé :
Le texte montre comment le langage peut devenir un outil de manipulation, notamment à travers les références culturelles et poétiques. Il met également en évidence la manière dont le malentendu, nourri par la surinterprétation, perturbe les échanges entre les personnages.
4.2 Ouverture
Proposez une ouverture qui prolonge la réflexion sur le rôle du langage et des malentendus dans les relations humaines.
À faire : Formulez une ouverture qui élargit la réflexion.
Corrigé :
Ce thème des malentendus liés au langage se retrouve également dans d'autres œuvres, notamment chez Jean Genet, où la parole devient un outil de manipulation et de dissimulation, révélant la difficulté de communication entre les individus.
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