La declaration de 1789 et la declaration d olympe de gouges

La Déclaration de 1789 et la Déclaration d'Olympe de Gouges. Les modifications et ajouts

Le 05/10/2024 0

Dans Ressources pédagogiques : examens 2024 et 2025

Une réécriture 

La Déclaration des droits de l’homme et du citoyen (1789) et la Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne (1791) par Olympe de Gouges

En août 1789, l’Assemblée nationale constituante promulgue la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen, un texte fondateur de la Révolution française, affirmant les principes universels de liberté, égalité et fraternité. Cependant, cette Déclaration omet complètement les droits des femmes, qui restent exclues du cadre juridique et politique révolutionnaire. En réponse, en 1791, Olympe de Gouges, figure importante du féminisme révolutionnaire, rédige la Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne, un texte qui reprend en grande partie celle de 1789 tout en l’adaptant pour revendiquer les droits politiques et civils des femmes.

I. Textes de référence : similitudes et modifications

1. La structure des deux déclarations :

Les deux déclarations suivent la même structure, se composant d’un préambule suivi d’un ensemble d’articles. Cependant, Olympe de Gouges réécrit le préambule et certains articles en adaptant le texte aux femmes, souvent en gardant la même formulation mais en ajoutant systématiquement des références explicites à la « femme » et à la « citoyenne ».

2. Le préambule :

1789 : « Les Représentants du Peuple Français [...] ont résolu d’exposer, dans une déclaration solennelle, les droits naturels, inaliénables et sacrés de l’Homme. »

1791 : Olympe de Gouges transforme cette formule pour inclure les femmes : « Les mères, les filles, les sœurs, représentantes de la nation [...] ont résolu d’exposer, dans une déclaration solennelle, les droits naturels, inaliénables et sacrés de la Femme. »

Modification et justification : Olympe de Gouges vise à inclure explicitement les femmes dans la notion de citoyenneté, soulignant que les femmes, en tant que mères, filles et sœurs, sont des parties prenantes de la société, autant que les hommes. En utilisant les mêmes structures grammaticales, elle renverse l'exclusivité masculine du texte de 1789 pour insister sur l’universalité de ces droits.

II. Analyse des articles modifiés et des ajouts significatifs

1. Article 1 : L’égalité :

1789 : « Les hommes naissent et demeurent libres et égaux en droits. »

1791 : « La femme naît libre et demeure égale à l’homme en droits. Les distinctions sociales ne peuvent être fondées que sur l’utilité commune. »

Modification et justification : L’ajout par Olympe de Gouges de la phrase « La femme naît libre et demeure égale à l’homme en droits » est central. Cela répond à l’exclusion tacite des femmes dans le texte de 1789. Olympe de Gouges revendique ici l’égalité absolue entre les sexes, affirmant que les femmes doivent bénéficier des mêmes droits et libertés que les hommes.

2. Article 6 : Participation politique :

1789 : « Tous les citoyens, étant égaux aux yeux de la loi, sont également admissibles à toutes dignités, places et emplois publics, selon leur capacité, et sans autre distinction que celle de leurs vertus et de leurs talents. »

1791 : « La loi doit être l’expression de la volonté générale ; toutes les citoyennes et citoyens doivent concourir personnellement, ou par leurs représentants, à sa formation. »

Modification et justification : Olympe de Gouges introduit ici l’idée que les femmes ont le droit de participer à la formation des lois et doivent être considérées comme des citoyennes à part entière, avec la capacité d’occuper des postes publics. Elle s'oppose à l'exclusion des femmes de la sphère politique, affirmant que leur participation est indispensable à l'expression de la volonté générale.

3. Article 10 : Liberté d’expression :

1789 : « Nul ne doit être inquiété pour ses opinions, même religieuses, pourvu que leur manifestation ne trouble pas l’ordre public. »

1791 : « La femme a le droit de monter sur l’échafaud ; elle doit avoir également celui de monter à la Tribune. »

Ajout et justification : Cette phrase symbolique est l’une des plus célèbres de la Déclaration de 1791. Olympe de Gouges rappelle ici que les femmes sont punies par la loi comme les hommes (droit de monter sur l’échafaud), donc elles doivent aussi avoir le droit de s’exprimer librement et publiquement (droit de monter à la tribune). Ce passage reflète la demande d'égalité dans la liberté d'expression et d'action politique.

4. Article 17 : La propriété :

1789 : « La propriété étant un droit inviolable et sacré, nul ne peut en être privé. »

1791 : Olympe de Gouges inclut la femme dans cette revendication : « La propriété est commune à tous les sexes ; elle est inviolable et sacrée. »

Modification et justification : Olympe de Gouges réclame ici que le droit à la propriété, un des droits les plus fondamentaux, soit reconnu de manière égale pour les femmes et les hommes. Elle souligne que les femmes doivent bénéficier des mêmes droits économiques et financiers que les hommes.

III. Conclusion : Objectifs d'Olympe de Gouges

À travers ces modifications, Olympe de Gouges cherche à révéler les inégalités profondes entre les sexes et à revendiquer pour les femmes les mêmes droits civils et politiques que les hommes. Elle ne se contente pas de revendiquer l'égalité de principe, mais elle insiste sur la participation active des femmes dans la vie publique et leur reconnaissance en tant que citoyennes à part entière.

En réécrivant la Déclaration de 1789, elle expose l'injustice qui continue à exclure les femmes de l'espace politique et civique, et plaide pour une société où l’égalité des droits ne soit pas une abstraction, mais une réalité tangible. Elle met ainsi en lumière le paradoxe d'une révolution prônant la liberté et l'égalité tout en ignorant la moitié de la population.

Olympe de Gouges a donc voulu accomplir une révolution dans la révolution : non seulement une lutte pour les droits des citoyens, mais aussi pour ceux des citoyennes, ouvrant la voie à la revendication des droits des femmes dans les siècles à venir.

 

En quoi la Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne est-elle un texte révolutionnaire tant par son contenu que par sa forme?

 

 

Les exercices guidés

 

Le XVIIIe siècle fut une époque marquée par des bouleversements sociaux et politiques qui ont profondément transformé la France. Ce siècle est en effet le théâtre d’un courant philosophique éclairé ayant inspiré la Révolution française, un mouvement qui a cherché à établir des principes d’égalité et de liberté. Toutefois, dans une société où les femmes étaient souvent perçues comme inférieures aux hommes, Olympe de Gouges, femme politique, écrivaine et militante féministe, a osé revendiquer leurs droits en rédigeant, en 1791, la Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne. À travers ce texte, elle prône l’équité entre les sexes et vise à faire des femmes des figures essentielles dans la société. Dès lors, nous pouvons nous demander en quoi la Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne constitue un texte révolutionnaire tant par son contenu que par sa forme. Pour répondre à cette problématique, nous examinerons d’abord comment les idées défendues par Olympe de Gouges s'apparentent à celles de la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen à travers leur contenu, avant de nuancer cette similitude en analysant la forme et la portée révolutionnaire 

 

 

I. La Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne : une réécriture fidèle au fond à celle des droits de l’homme et du citoyen

Dans son œuvre, Olympe de Gouges reprend les grands principes de la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen de 1789, témoignant ainsi d'une volonté d'inclure les femmes dans l'universalisme des droits révolutionnaires. Elle s’inspire directement des valeurs fondatrices de la Révolution française : liberté, égalité et fraternité, mais elle les décline en les adaptant spécifiquement à la condition féminine.

L’égalité des droits : Le premier article de la Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne est un miroir direct de celui de la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen : « La femme naît libre et demeure égale à l’homme en droits. » Ce passage est une réécriture presque exacte de l’article 1 de 1789 (« Les hommes naissent et demeurent libres et égaux en droits »), mais ici, Olympe de Gouges introduit la femme dans cette égalité proclamée. Par cette formulation, elle dénonce l’exclusion des femmes de la Déclaration originelle et exprime sa volonté d’accorder aux femmes les mêmes droits civils et politiques que les hommes. En plaçant l’égalité entre les sexes au centre de son discours, elle réaffirme les principes fondamentaux de justice et d’universalité que la Déclaration de 1789 revendique pour les citoyens, mais qui n’incluaient que les hommes.

Les droits naturels et inaliénables : Comme dans la Déclaration de 1789, Olympe de Gouges reprend l'idée que les droits sont naturels, inaliénables et sacrés, et qu'ils appartiennent à tous les êtres humains. Cependant, là où les rédacteurs de 1789 se limitent aux hommes, Olympe de Gouges proclame que les femmes possèdent également ces droits naturels. L'idée de liberté individuelle, centrale à la Révolution, est donc également revendiquée pour les femmes, qui se voient ainsi reconnues comme des sujets de droit à part entière. Cela montre l’attachement d’Olympe de Gouges aux valeurs révolutionnaires tout en révélant une faille dans leur application : l’exclusion des femmes de l’espace juridique et politique.

Les libertés fondamentales : Olympe de Gouges ne s’écarte pas non plus des libertés fondamentales prônées par la Révolution. En effet, elle maintient les droits fondamentaux de liberté d’expression et de propriété, mais insiste sur leur application aux femmes. L’article 10 de sa déclaration, par exemple, célèbre la liberté d’expression des femmes en affirmant que si elles sont punies par la loi (droit de monter sur l’échafaud), elles doivent également avoir le droit de s’exprimer politiquement (droit de monter à la tribune). Par cette réécriture, Olympe de Gouges appelle à la cohérence des principes révolutionnaires : si les femmes partagent les peines des hommes, elles doivent aussi bénéficier de leurs libertés.

Ainsi, Olympe de Gouges reprend les idées essentielles de la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen, mais en les adaptant pour inclure les femmes, révélant ainsi l’injustice originelle de cette Déclaration en matière de genre. Cependant, au-delà de ce simple parallélisme, la forme et la portée révolutionnaire de son texte introduisent un changement fondamental.

 

II. La forme révolutionnaire de la Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne et son impact politique

Olympe de Gouges ne se contente pas de calquer la Déclaration de 1789 ; elle y introduit des modifications qui en font un texte véritablement révolutionnaire, tant par la forme que par la portée politique. Elle s’engage ainsi dans une critique sociale et politique explicite, en dénonçant l’hypocrisie des droits universels réservés aux seuls hommes.

La dénonciation de l'exclusion des femmes de la sphère publique : Olympe de Gouges dépasse le cadre théorique de l'égalité des droits pour revendiquer la participation des femmes à la vie publique. L’article 6 de la Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne, par exemple, demande que les « citoyennes » participent à la formation des lois : « La loi doit être l’expression de la volonté générale ; toutes les citoyennes et citoyens doivent concourir personnellement, ou par leurs représentants, à sa formation. » En insistant sur la présence des femmes dans la prise de décision politique, elle se démarque du texte de 1789, qui n’accordait ce droit qu’aux hommes. Cette volonté d'inclure les femmes dans la citoyenneté active est un changement révolutionnaire par rapport à l'idée traditionnelle de la femme restreinte à la sphère domestique.

L'affirmation du droit des femmes à la liberté économique : Un autre aspect novateur réside dans l'article sur le droit de propriété. Là où la Déclaration de 1789 proclamait que la propriété était un droit inviolable et sacré pour tous les citoyens, Olympe de Gouges insiste sur le fait que ce droit est également valable pour les femmes : « La propriété est commune à tous les sexes ; elle est inviolable et sacrée. » Cette inclusion du droit de propriété pour les femmes est cruciale dans un contexte où elles étaient souvent privées de droits économiques. Ce changement traduit une volonté de renverser l'ordre patriarcal et d'accorder aux femmes une autonomie économique qui leur permettrait de s'émanciper des tutelles masculines.

Une critique implicite du pouvoir patriarcal : Enfin, Olympe de Gouges introduit dans son texte une critique implicite de l'ordre patriarcal. En affirmant que les femmes ont le « droit de monter à la tribune » tout autant que « de monter sur l’échafaud », elle dénonce l’incohérence des révolutionnaires qui acceptent de punir les femmes avec la même sévérité que les hommes, tout en leur refusant les mêmes droits politiques et sociaux. Cette rhétorique marque une rupture avec le discours officiel de la Révolution, dans lequel les femmes étaient censées soutenir l'effort révolutionnaire, mais toujours à l’ombre des hommes.

 

La Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne d'Olympe de Gouges est un texte profondément révolutionnaire, tant par son contenu que par sa forme. Tout en s’inspirant directement de la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen, elle la réécrit pour y inclure les femmes, en dénonçant leur exclusion du cadre légal et politique de l'époque. À travers sa réécriture, Olympe de Gouges cherche à établir l’égalité des sexes dans tous les domaines de la vie, aussi bien politique, civile qu’économique, et à revendiquer la liberté des femmes au même titre que celle des hommes.

Elle ouvre ainsi la voie à une réflexion féministe en pleine Révolution française, faisant de la lutte pour les droits des femmes une révolution dans la révolution. En intégrant les femmes à l’idéal révolutionnaire d’égalité, elle bouleverse non seulement l’ordre politique, mais aussi les structures sociales et culturelles de l’époque.

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